Etude en cours
Le site de Pilleverte à Plesder, près de St Malo, illustre le travail de production de fer dans un atelier de la deuxième moitié du IIème siècle ap. J.-C. depuis la transformation du minerai en bas fourneau jusqu’à l’obtention de métal qui devienne forgeable. Les cinq campagnes de fouilles ont permis de reconnaître de façon inédite la chaîne opératoire et les lieux de déroulement des différentes tâches. Par suite l’atelier fournit de manière exceptionnelle des témoins mobiliers de chacune de ces phases de transformation, et en particulier des opérations d’épuration, jusqu’ici très peu renseignées, qui posent de nombreuses questions concernant l’identification des scories produites au cours de ces différentes étapes, les techniques de mise en œuvre et l’impact de ces tâches sur la nature et la composition du fer obtenu. Les mesures proposées sont en lien étroit avec l’étude morphologique et métallographique des scories.
Des progrès sensibles ont été obtenus récemment grâce aux études menées sur les demi-produits qui font l’objet des échanges à grande échelle à l’époque romaine, en particulier sur les barres-lingots découverts dans les épaves de Saintes-Maries-de-la-Mer, mais aussi à l’âge du Fer (Béziat et alii, Gallia, 2006 ; Berranger, 2009). Les analyses du métal produit à Pilleverte visent à établir une signature chimique, permettant à terme de relier les sites de production de fer avec les demi-produits qui circulent.
Un autre objectif des analyses proposées concerne l’estimation du rendement des opérations en particulier celui de l’épuration, afin de mieux approcher les quantités de métal produites, connaissant les volumes de scories rejetées par l’atelier. Enfin, participant également à cette démarche, des mesures chimiques sur le stock de minerai grillé mis au jour en 1999, à proximité du bas fourneau (50 kg environ) permettraient de connaître la composition moyenne du minerai disponible à partir d’un grand nombre d’échantillons et non plus de quelques éléments choisis.
Des analyses chimiques complémentaires sont également envisagées pour approfondir la connaissance du site et ses échanges à courte, moyenne et longue distance :
– composition des verres afin d’identifier leur provenance
– composition des pâtes des terres cuites (pesons, gros blocs de moulage du fourneau, fragments d’amphores ‘normandes’…) – comparaison avec les productions de l’atelier de tuilier/poterie du Bas Rouault à Tressé, distant de moins de 4 km.
– composition des roches employées pour les calages, le caniveau de drainage du four et les meules de broyage du minerai.
– impact du site métallurgique sur la composition de l’eau de la nappe phréatique (prélèvements de l’eau du puits).
En ce sens, ces analyses permettraient de reconstituer le complexe technique, qui, partant du minerai local, aboutit à la fourniture de métal destinée aux forges romaines dans le Grand Ouest ou plus largement dans les circuits de diffusion des ‘lingots de fer’ sous des horizons plus larges de l’empire romain.